Page:Cadiot - Minuit.pdf/30

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qui disjoint tout à coup les existences les plus unies, Ma mère hasardait alors quelques doutes sur les désolantes maximes du défunt, et madame Maréchal se laissait aller à l’espoir. Vers dix heures, ces dames terminèrent leur veillée et se retirèrent chacune dans leur appartement

Madame P*** avait gardé la chambre à coucher du premier étage et avait mis madame Maréchal dans un cabinet à côté d’elle. Madame Dufour avait été logée au second avec mademoiselle Desprez ; madame Dufour occupait la chambre qui se trouvait directement au-dessus de celle de ma mère.

Ces dames se couchèrent dès qu’elles furent chez elles, et, abattues par les secousses douloureuses, elles ne tardèrent pas à s’endormir.

Pour ma mère, elle se mit également au lit, mais suivant son habitude, elle prit un roman et en commença la lecture.

L’ouvrage était probablement intéressant, car minuit sonnait, qu’elle continuait à en tourner les feuillets sans songer à dormir.

Ma mère était romanesque : aussi, malgré la part qu’elle prenait intérieurement au malheur de son amie, son imagination courait-elle alors bien loin de la maison de l’athée, sur la piste des héros avec lesquels elle venait de s’identifier.

Le silence le plus absolu régnait autour d’elle ; on se couche de bonne heure à Montrouge, et les voitures n’ont pas l’habitude de faire résonner le pavé passé neuf heures.