Page:Cadiot - Minuit.pdf/306

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du baptême de ma pauvre Pâquerette… j’essaie d’oublier le passé… Ah ! si je pouvais parvenir à croire que j’ai fait un long rêve, que l’adorable enfant que j’ai vue pendant six ans si vivante, si gaie, si jolie, vient seulement au monde aujourd’hui ?…

Quelques larmes ruisselèrent sur les joues pâles de l’accouchée.

Madame de Meillac sonna pour demander qu’on apportât l’enfant.

Elle pensait que cette vue consolerait la pauvre mère dont le cœur était déchiré de poignants souvenirs ; et puis, elle-même, avait besoin d’arrêter ses pleurs prêts à couler.

Une belle nourrice entra, donnant le sein à un baby enveloppé de langes brodés et de béguins de dentelle. Elle présenta successivement à chaque membre de la famille, mademoiselle Pauline-Marguerite-Henriette Rouvières.

Madame Rouvières se souleva sur son lit de repos, prit son enfant, et l’examina pour la vingtième fois au moins depuis huit jours.

— Regardez donc, maman, dit-elle à madame de Meillac, comme elle a de petits sourcils noirs ? Et ses yeux qu’elle ouvre déjà tous grands… Je trouve étrangement de ressemblance avec… l’aînée… — Nous l’appellerons Marguerite, comme elle, et Pâquerette, aussi, tant qu’elle sera petite…

— Je vous en prie, ma chère, ne vous renfermez pas ainsi dans votre douleur, s’écria M. Rouvières, qui pa-