Page:Cadiot - Minuit.pdf/320

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aux sourcils noirs et aux cheveux blonds soit une créature vivante… Non… non ! ne le croyez pas…

Un jour cependant, le fou parut entrer dans une période plus calme ; il se pencha vers son médecin et parut disposé à la confiance.

— Voyez-vous, dit-il, autrefois elle était si mal élevée !… elle faisait tant de bruit ! Docteur, vous ne pouvez pas vous imaginer comme elle étais insupportable !… Ce jour-là, elle jouait sur un escalier et elle criait !… elle criait à me percer la cervelle !… Je la poussai… Elle roula en bas… J’entendis un bruit sourd… Je cours vite… vite…

Le fou s’arrêta tout à coup, en regardant autour de lui avec épouvante.

Le docteur écoutait la bouche entr’ouverte, les mains tremblantes. Mais il ne voulait pas faire une question de peur d’interrompre le récit commencé.

Pour surmonter l’hésitation du malade, il répéta mécaniquement ses dernières paroles :

— J’entendis un bruit sourd… je courus vite… vite…

— Oui ! dit Rouvières. Elle s’était fendu la tête et elle râlait… horriblement… Je l’emportai… — pour la soigner… — Elle râlait toujours… Tout le monde allait venir… je la pris par le cou pour la faire taire… et machinalement je serrai… Elle ne cria plus. Mais je vis des marques bleues que mes mains avaient faites… Alors que devenir ?… J’eus peur, docteur, j’eus peur,