Page:Cadiot - Minuit.pdf/319

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remarqué mille petits détails. C’est pourquoi, l’illustre praticien n’apprît que vaguement l’histoire de la disparition de Marguerite de Marneroy et la ressemblance étrange des deux Pâquerette.

Tout en conservant avec soin tous les indices qu’il put recueillir, il ne parut pas y attacher une grande importance, de peur d’éveiller des idées que lui-même repoussait encore.

Cependant, plus il étudiait l’égarement de son malade et plus ses soupçons prenaient une direction fatale. Évidemment, c’était la terreur qui portait le ravage dans cette intelligence malade. — Maintenant quelle terreur ? Était-ce celle d’un esprit faible que la superstition domine ? ou celle d’un coupable que le remords poursuit ?

Depuis la scène que nous avons décrite, le délire n’avait pas cessé. Comme le docteur avait observé que le malade s’exaspérait surtout à la vue de sa femme et de sa fille, il avait ordonné qu’elles entrassent peu dans sa chambre.

Il restait donc souvent seul près de Rouvières, et, dans les moments où il ne craignait nulle oreille indiscrète, il essayait de l’amener à une confidence ou à un aveu.

Mais il n’obtenait que des phrases sans suite et sans portée précise.

— C’est un spectre, disait Rouvières avec des yeux égarés, ce n’est pas ma fille… Docteur, c’est une apparence décevante… Ne croyez pas que cette enfant