Page:Cadiot - Minuit.pdf/324

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Madame Rouvières leva les yeux sur lui avec épouvante. Elle craignit le retour de la folie et se jeta dans ses bras.

— Mon ami, je vous en prie, je vous en conjure, s’écria-t-elle en pleurant, ne me privez pas plus longtemps de Pâquerette, de notre enfant… revenez à vous.

Mais tout à coup Rouvières avait repris son regard fixe et sombre.

— Pâquerette est morte ! dit-il.

En cet instant, la petite fille qui avait échappé à sa grand’mère, parut dans la chambre et s’élança sur la dalle entre les jambes de son père.

À cette vue, Rouvières se renversa dans son fauteuil en proie à une violente attaque nerveuse. Il poussa des cris inarticulés ; une écume blanche lui vint aux lèvres.

Sa femme se pendit à la sonnette. Tout le monde accourut. On s’empressa autour du fou, on lui jeta de l’eau fraîche au visage tandis qu’un domestique courait en toute hâte chercher le docteur ***.

— Ôtez-moi ce spectre ! murmura-t-il dès qu’il eut recouvré la parole, je ne veux plus voir les morts !

— Mais c’est votre fille, mon ami, elle est bien réelle, bien vivante. — Pâquerette, embrasse ton père, dis-lui donc que tu l’aimes et que tu ne veux pas mourir.

Pâquerette monta sur les genoux de Rouvières en ouvrant de grands yeux étonnés.