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son émotion ou au moins à ne la point manifester. Madame Rouvières ne s’aperçut de rien.

Au bout de quelques mois les dernières traces de la folie étaient disparues, et la santé de Rouvières redevenait excellente. Sa femme le crut absolument guéri.

Alors elle voulut revoir Pâquerette, et elle écrivit à sa mère de la lui ramener.

Jamais Rouvières n’avait parlé de l’enfant depuis son rétablissement. Mais il avait souvent demandé des nouvelles de sa belle mère qu’il s’étonnait de ne plus voir.

Quand Pâquerette fut rentrée à l’hôtel avec madame de Meillac, madame Rouvières voulut préparer, avec précaution, le convalescent à la revoir.

Elle était assise près du feu dans cette terrible chambre, et son mari lisait en face d’elle.

— Mon ami, lui dit-elle, ne trouvez-vous pas que nous sommes bien seuls, et qu’il serait temps de rappeler notre famille ?

— Oui. répondit-il avec indifférence. La solitude ne m’effraie pas avec vous, reprit-il en essayant un sourire ; mais je serais bien aise de revoir votre mère. Est-ce qu’elle est encore à Marneroy ?

— Elle va revenir avec notre fille.

— Vous savez bien, ma chère âme, que nous n’avons plus de fille, dit Rouvières avec un froncement de sourcils sinistre.