Page:Cadiot - Minuit.pdf/36

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porche de leur église, que pourfendre les Sarrazins vers Damas ou Saint-Jean-d’Acre.

Cependant, peu à peu, et bon gré malgré, tous les bons Allemands en état de porter les armes furent amenés sous la bannière orange et noire de Barberousse et prirent la route de l’Asie pour aller se faire décimer par la famine, la peste et le feu grégeois. Et, pendant ce temps-là, pendant de longues années que l’Allemagne attendit ses enfants et son empereur qui ne devaient jamais revenir, tout alla vraiment au plus mal dans l’empire.

D’abord dans les campagnes les bras forts manquaient pour travailler la terre, et les moissons cultivées par les vieillards et les enfants ne venaient point à bien ; dans les villes et dans les châteaux-forts les seigneurs toujours en guerre les uns contre les autres détruisaient les édifices et ruinaient le commerce ; sur le Rhin, partout les communications étaient coupées et la navigation interrompue. Pour comble de malheur il semblait que tous les esprits malfaisants qui hantaient alors les contrées germaniques, sans nul égard pour le pieux dévouement des croisés, eussent redoublé de rage et d’adresse pour tourmenter les vieillards infirmes et les pauvres veuves.

Jamais peut-être les gnômes et les lutins des forêts de Hartz et du Niederwald ne se montrèrent plus remuants, et ne firent de plus méchants tours aux ménagères qui gardaient seules leurs chaumières, ou aux