Page:Cadiot - Minuit.pdf/37

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voyageurs attardés dans les chemins ; jamais les fées de la Loreley ne furent plus cruelles et plus décevantes aux pécheurs et aux bateliers ; jamais enfin les fantômes, les stryges et les vampires des bords du Danube ne dormirent moins tranquillement dans leurs tombeaux : enfin c’était une véritable désolation !

Heureuses encore, étaient celles des ménagères délaissées par leurs époux, qui voyaient grandir auprès d’elles quelque beau garçon, déjà fort, et bientôt capable d’être le chef de la famille ! Celles-là prenaient bon courage, dans l’espoir que bientôt les affaires mieux gérées, ou la charrue plus fermement conduite, ramèneraient l’aisance en leur maison.

Mais quelle douleur aussi, si ces fils, derniers espoirs d’une famille entière, montraient de mauvais sentiments ou s’adonnaient au vice et à la paresse, faute d’une main puissante pour les maintenir ou les châtier !

Et voilà pourquoi pleuraient et se lamentaient deux pauvres femmes du village d’Arnsberg, situé sur les confins de la forêt Noire.

— Ah ! Barbel, ma commère, disait l’une en s’essuyant les yeux, qu’ai-je fait au ciel pour avoir dans ma famille un killecroff ! car, Dieu me le pardonne ! ajouta-t-elle en se signant, n’est-il pas évident que Fritz est un killecroff, à voir la manière dont il mange, dont il boit, et dont il bat ses frères et tous les enfants du village !

— Margareth ! ma bonne Margareth, répondait l’autre