Page:Cadiot - Minuit.pdf/42

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ron d’Halberstadt, comme il venait de tuer un garde-chasse : et peu après, son corps pendu haut et court, flottait au gibet pour servir d’exemple à son bon compagnon.

Après l’exécution, Hermann jugea prudent de déguerpir et de donner quelques preuves de repentance. Ce fut pourquoi il s’en fut à la ville apprendre l’état de son père qui était tisserand avant de partir pour la Terre-Sainte.

On laissa pendant longtemps le cadavre de Fritz suspendu au gibet, comme témoignage de la puissance du seigneur d’Halberstadt ; puis enfin le bourreau le dépendit et l’enterra, sans bénédiction ni prières, dans un vieux cimetière abandonné.

Quand Hermann revint avec sa maîtrise de tisserand, le souvenir de l’exécution était encore vivant dans toutes les mémoires ; il comprit qu’il ne fallait point s’attaquer aux gens ni aux propriétés, s’il ne voulait rejoindre Fritz.

Il avait d’ailleurs dépassé sa dix-neuvième année, et savait que les docteurs assurent « que les killecroffs ou suppositii n’atteignent jamais vingt ans. »

À son retour donc, il se fit passer autant qu’il put, pour un bon tisserand, tranquille, adroit, et faisant vite son aune de toile.

Il semblait avoir oublié à la ville ses habitudes de violence et de rapine ; mais il était incapable de se contenir en face d’un cruchon de bière, et de voir