Page:Cadiot - Minuit.pdf/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du chemin pour aller mourir chez le pasteur du village. La pauvre vieille leva une main au ciel en apercevant Hermann, et d’une voix pleine de prières :

— Dieu vous pardonne, mon fils, murmura-t-elle.

L’ivrogne erra longtemps dans la campagne, en proie à une sorte de délire où se mêlaient les images de la réalité et les fantômes enfantés parles vapeurs de l’ivresse.

Tantôt, il lui semblait que mille démons le poursuivaient de cris discordants et de grimaces hideuses ; tantôt c’étaient sa mère et sa femme, pâles victimes qui imploraient sa pitié, ou, lasses de prier en vain, demandaient à Dieu le châtiment de leur bourreau ; tantôt enfin, c’était le gibet d’Halberstadt qui se dressait menaçant devant lui, et le cadavre de Fritz qui se débattait au sommet, comme dans les angoisses d’une éternelle agonie.

Bientôt cette dernière hallucination prit sur son esprit un empire étrange.

Il lui sembla que le fatal gibet l’attirait invinciblement, et qu’en dépit de sa volonté et de ses efforts, chaque pas l’en rapprochait davantage.

Puis, lorsqu’il en fut tout proche, il vit Fritz s’en détacher tout à coup, à force de gesticuler, et il sentit la main qui avait frappé sa mère, serrée par la main sèche et froide du pendu, comme par un étau.

Alors il fut entraîné dans une ronde immense où dan-