Page:Cadiot - Minuit.pdf/51

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saient avec fureur des milliers de figures fantastiques et effrayantes.

C’était comme si les morts que le gibet avait portés s’étaient donné rendez-vous pour une orgie infernale, à la clarté douteuse de la lune prête à disparaître.

Il y avait là, tous les bandits qui jadis avaient désolé la contrée, et dont les squelettes s’entrechoquaient au bruit grinçant d’un horrible rire.

Puis, les assassins dont les corps étaient tout décharnés, tandis que leurs bras et leurs mains gardaient l’apparence de la vie et restaient souillés d’un sang ineffaçable.

Puis des filles infanticides qui semblaient condamnées éternellement à donner leur sein vivant à des enfants morts.

Tous ces spectres vomis par l’enfer, dansaient avec rage une danse irrégulière, folle, saccadée et comme convulsive.

Hermann était entraîné par le killecroff, et sans force de résistance, sans volonté, sans énergie, il suivait en criant la ronde vertigineuse qui s’enroulait en spirale au pied du gibet.

Brisé, meurtri, hors d’haleine, il tomba enfin. Alors il lui sembla que c’était autour de lui que les spectres dansaient en ricanant. Il crut voir leurs doigts osseux et livides le désigner comme une victime ou une proie, et le cercle se resserrer pour l’envelopper de toutes parts.