Page:Cadiot - Minuit.pdf/63

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Cette main sèche, osseuse et crochue, s’enfonçait dans sa chair par une pression horrible, et le secouait avec une violence surhumaine.

Sa tête se débarrassa comme par magie, et tout le sang lui reflua vers le cœur.

Au milieu des horreurs de la nature bouleversée, de la furie des orages, des éclats du tonnerre, des clartés sinistres des éclairs qui brodaient les nuages de festons de feu, se dressait un spectre immobile et terrible.

Hermann leva vivement les veux et les referma soudain.

Un éclair qui venait d’illuminer le ciel de l’orient à l’occident, avait frappé la tête hideuse du spectre : c’était l’ancien compagnon du tisserand, c’était le killecroff maudit de toute la contrée, c’était Fritz le pendu !…

Hermann tomba à genoux, glacé par l’horreur, paralysé par l’épouvante.

La flamme bleue un moment évanouie venait de reparaître ; elle s’élançait hardie et incompressible au devant du spectre et l’enveloppait comme d’un cercle infernal. Sa faible lumière projetait sur lui seulement des reflets phosphorescents, et Fritz se dessinait sur l’ombre épaisse comme une silhouette pâle et bleuâtre.

Il était bien là, tel que l’avaient vu longtemps les habitants du pays attaché au gibet d’Halberstadt. Son corps sec, long et verdâtre, était disloqué aux articu-