Page:Cadiot - Minuit.pdf/62

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se débattait comme un furieux ; mais bientôt embarrassé dans les Lianes, il tomba la face contre terre.

En tombant il arracha avec violence un des bâtons qui frappaient ses jambes à coups redoublés.

Il l’éleva vivement jusqu’à ses yeux et poussa un cri de malédiction.

C’était une croix noire vermoulue et rongée de vers. Il était égaré au milieu d’un cimetière abandonné.

— Tonnerre ! s’écria-t-il, vous êtes bien mal plaisants, messires les trépassés ! — De par le diable ! Puisque les feux de l’enfer n’éclairent pas, n’y a-t-il donc point une de vos vieilles carcasses qui se veuillent lever pour m’indiquer mon chemin ?

La pluie tombait à torrents.

Hermann frappa du pied une tombe encore fraîchement remuée.

— Holà ! vous autres ! n’est-il donc point céans quelque gentil compagnon qui me veuille aider ? — Vienne avec moi quelque bon fils de Satan et je le garde à souper ! — Je désaltère son gosier de damné avec mes dernières bouteilles de vin du Rhin, et je le reconduis ensuite civilement jusqu’en son logis pour qu’il lui plaise de m’en offrir autant !…

Et l’ivrogne accompagnait ces paroles de blasphèmes et de cyniques éclats de rire. Mais tout à coup la malédiction expira sur ses lèvres et le rire s’arrêta dans sa gorge.

Il venait de se sentir étreindre par une main glacée.