Page:Cadiot - Minuit.pdf/65

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Complètement dégrisé par la terreur, il bondit hors du cimetière et prit une course désespérée à travers la campagne.

Il marchait avec une rapidité prodigieuse. Ni la pluie battante qui lui fouettait le visage, ni les rafales du vent d’ouest qui l’enlevaient presque de terre, n’arrêtaient sa course échevelée. Lancé en avant par la force toute puissante de la terreur, il traversait malgré l’obscurité, les bois et les précipices, sans se heurter, sans reprendre haleine, sans regarder derrière lui.

Et plus il allait, plus sa fuite paraissait rapide. On eût dit, non pas un homme marchant sur la terre, mais un démon volant au sabbat sur les nuées du ciel.

Enfin la pluie cessa un instant, et les nuages déchirés laissèrent échapper quelques rayons de lune. Harassé, hors d’haleine, brisé, n’en pouvant plus, Hermann se laissa tomber comme une masse au pied d’un arbre.

Il s’accouda sur le gazon mouillé et leva les yeux pour reconnaître le pays. Grand Dieu ! il était au pied du gibet d’Halberstadt, et Fritz, le hideux spectre aux membres verdis, à la bouche tordue, aux yeux flamboyants, était devant lui, droit et impassible, le bras tendu vers l’horizon.

L’horreur rendit au tisserand une nouvelle énergie ; il reprit sa fuite désespérée.

Les champs, les prés, les montagnes et les vallées