Page:Cadiot - Minuit.pdf/84

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sées se calma, et j’essayai de reconnaître les rues et les places.

Ce n’était pas chose facile, car la lune ne paraissait encore point, et la ville de Montpellier ne soupçonnait guère, alors, qu’elle serait un jour éclairée au gaz. Les réverbères eux-mêmes étaient inconnus partout ailleurs que devant la mairie, la préfecture et les écoles.

Je marchais donc à tâtons, essayant de percer à la fois les ténèbres de l’ivresse et celles de la nuit.

Enfin, je crus reconnaître un quartier que je fréquentais ordinairement. Je m’orientai, et l’esprit flottant entre la veille et le rêve, j’enfilai une petite rue tortueuse que j’avais l’habitude de prendre souvent.

Machinalement je tâtai toutes les portes de cette rue, car il me semblait que j’allais enfin trouver la mienne, et découvrir la serrure dans laquelle j’avais le droit d’engager mon passe-partout. Et plus je cherchais, plus je traversais de fois la rue de droite à gauche, plus l’idée que j’étais vraiment dans le voisinage de ma maison s’enracinait dans mon esprit.

Je heurtai une porte bien connue cette fois, et sans remarquer le drapeau qui flottait au-dessus pour désigner un établissement public, je mis ma clef dans la serrure. Le passe-partout tourna difficilement d’abord, mais quelques secousses aidant, la porte finit par s’ouvrir.

J’entrai, en avançant comme les aveugles, les mains devant moi, et je fis quelques pas en divers sens pour