Page:Cadiot - Minuit.pdf/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chemin avec plus de précautions, mais je ne tardai pas à être arrêté par un second choc.

J’étendis les mains et sentis le froid du marbre ; puis à un second mouvement, que je fis, un autre froid plus intense, plus pénétrant, plus répulsif à ma chair, me glaça lé sang dans les veines. Celui-là je le reconnus, moi, étudiant eu médecine et en chirurgie : c’était le froid de la mort !

Soudain les fumées de l’ivresse s’envolèrent, et toute ma présence d’esprit me revint. J’étais dans l’amphithéâtre, où l’on déposait sur des tables de marbre, les morts de l’hospice, pour être livrés à l’étude et disséqués.

J’avais pourtant bien ! habitude de me trouver dans ce lieu sinistre ; je n’étais point un débutant que la vue d’un cadavre effraie. Mais la surprise, l’obscurité, l’époque de l’année, peut-être, car j’entendais sonner le glas des morts, tout contribua à me causer un sentiment d’invincible effroi.

Je me reculai avec horreur et cherchai une seconde fois la porte, sans réussir à la trouver, puisque l’amphithéâtre était circulaire et que la porte, à contre-poids comme celles des églises, rentrait dans la muraille.

La peur me prit à la gorge et agita mes membres d’un tremblement convulsif. Je tournais autour de ces murs inflexibles comme un prisonnier autour de son cachot ; j’appuyais mes mains sur chaque panneau, espérant enfin trouver la porte, et la faire céder sous ma