Page:Cadiot - Minuit.pdf/87

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pression. Mais tous mes efforts étaient vains. Les lambris semblaient me repousser. Peut-être la peur m’avait-elle rendu impuissant, même à soulever une porte.

Les cloches tintaient toujours lentes et inexorables.

Mes dents claquaient ; une sueur froide me perlait au front. La lune qui se levait, tamisait sa lumière pâle à travers le rideau rouge de la fenêtre. Peu à peu les objets commençaient à sortir de l’ombre. Je distinguais les instruments de chirurgie, qui allongeaient sur les murs leurs ombres bizarres ; puis, les tables de marbre noir, dont les arêtes retenaient un rayon de lumière ; puis, les scalpels dispersés ; puis, les cadavres……

Ils étaient deux — deux seulement.

L’un celui d’un vieillard déjà travaillé par nos mains — je le reconnaissais ; — l’autre celui d’une jeune fille morte la veille et tout frais encore.

Le vieillard sanglant, dépecé, les membres à moitié détachés du corps, était horrible à voir.

La jeune fille, belle de cette beauté fascinatrice de la mort, que la pulmonie laisse à ses victimes, attirait invinciblement mes regards.

Minuit sonnait, et chaque coup mêlait son timbre solennel au chant funèbre des cloches. Le jour des morts commençait. Ma terreur devint plus intense encore. Il me semblait, que ces cadavres allaient me demander compte de ma profanation, car le deux novembre, dans toutes les Facultés de médecine, l’amphithéâtre est fer-