Page:Cadiot - Minuit.pdf/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour cette fois, j’avais bien entendu un soupir près de moi, pour cette fois j’avais bien vu les cadavres s’agiter !

Et, tandis que je me sentais mourir, le vieillard poussait des cris lugubres, car il ne pouvait réussir à remuer sa tête découronnée de son crâne, à mouvoir ses membres lacérés par le scalpel, ou tranchés par la scie.

Il faisait des efforts inouïs pour se soulever sur son marbre, et chaque mouvement ébranlait sa cervelle sanglante. Enfin, il parvint à s’asseoir, et ses yeux, à moitié chassés de leurs orbites, interrogèrent les ténèbres.

— « C’est aujourd’hui le jour des morts, — dit-il d’une voix qui retentit jusque dans mes entrailles ; — les morts s’éveillent et se vengent !

» Qui est là, avec moi, dans cet horrible charnier ?… Une jeune fille ! — Enfant, lève-toi !

» Lève-toi, car tu as tes membres encore, et tu reposes dans l’ignorance du supplice qui t’attend.

» C’est aujourd’hui le jour des morts !… les morts s’éveillent et se Vengent ! »

Lentement, à son tour, la jeune fille se leva en ouvrant ses yeux fixes.

“ « Pauvre fille ! Ah ! tu expires à peine, et tu ne penses pas aux tortures que nous réservent les odieux vivants !… les morts, disent-ils, qu’est cela ?… — de la chair inerte dont la terre va faire du fumier ! — une matière insensible bonne pour l’expérience du scalpel !

» Et pourtant, cette chair glacée qu’aucun frisson ne