Page:Cadiot - Minuit.pdf/88

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mé ; on respecte les morts, comme si. ce jour-là, leurs âmes veillaient autour de leurs corps.

Immobile, glacé j je restais accroupi au pied du mur d’enceinte, sans pouvoir détourner mes yeux, du cadavre de la jeune fille.

Tout à coup, je tressaillis. Il me sembla entendre un gémissement étouffé.

J’écoutai, l’oreille tendue avec cette terreur, qui fait acquérir aux sens une finesse inouïe ; un bruit plus prolongé troubla le silence.

Je regardai autour de moi, et je crus voir la tête du vieillard, se remuer lentement sur son chevet de marbre.

J’eus peur d’être fou, le sang me monta à la tête et me fouetta violemment les tempes.

Atout prix, je voulais m’enfuir, mais mes efforts insensés n’aboutissaient toujours qu’à me faire tourner dans le même cercle.

Les cloches, d’abord lentes comme les plaintes d’un malade, se mirent à sonner à toute volée, scandant leurs coups pressés, comme des hoquets d’agonie. Les vitres ébranlées, répétaient leur son avec des notes lamentables. Par moment, on eût dit, que les morts pleuraient en demandant grâce et pitié ; par moment, qu’ils s’éveillaient, qu’ils se levaient en cohortes épaisses, qu’ils emplissaient l’air d’un hurrah guerrier.

Je tombai à genoux sans force ni raison, l’œil troublé, la tête perdue.