Page:Cadiot - Minuit.pdf/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la pauvreté de leur famille, force à résoudre ce problème : Vivre à Paris, et y faire leurs études, à raison de douze cents francs par an !

Bien. Maintenant, descendez tout cela d’un étage. Faites la maison plus ignoble, et la misère plus repoussante encore. Transformez maman Vauquer en un vieux bonhomme crasseux qui vit avec sa cuisinière. Placez rétablissement rue Copeau, au fond d’une cour, et figurez-vous Poiret plus abruti, la Michonneau plus vieille et plus racornie, Rastignac plus déshérité. — Vous avez la pension bourgeoise, pour les deux sexes et autres, tenue en 1840 par M. Buneaud.

On y paie six cents francs de pension. — Jugez !

La table est servie, et tout autour sont rangés, dans les attitudes diverses qui révèlent leurs habitudes, leur caractère ou leurs infirmités, nos personnages connus.

Cependant parmi eux se trouve une ligure nouvelle, une tête moins flétrie que les autres, mais triste et sans expression.

On sent, que cet être est frère de ses compagnons par la destinée. — Même passé sans doute. — Même avenir pour sûr.

C’est Poiret encore, mais Poiret plus jeune, Poiret à l’instant précis où s’opère la transformation de l’homme en mécanique.

Monsieur Naigeot a cinquante ans seulement. Il est petit, plutôt gras que maigre, et chauve. Ces cheveux, qui lui restent, ne sont pas blancs encore, mais d’une