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LES DIX MILLE FRANCS DU DIABLE.


Lecteur, vous connaissez trop bien votre Balzac, et par conséquent la maison Vauquer, pour que nous entreprenions une pâle copie du tableau. Cependant, c’est là qu’il nous faut vous conduire, pour y chercher le début de notre histoire. Ma foi, tant pis ! c’est dans une pension bourgeoise que loge notre héros, et la pension bourgeoise, c’est toujours la maison Vauquer !

Reportez-vous donc un instant, par le souvenir, au puant cloaque de la rue Neuve-Sainte-Geneviève. Représentez-vous, une fois de plus, la salle à manger humide qui conserve à perpétuité une odeur fétide formée des arômes sans cesse présents du miroton et des pruneaux cuits : les meubles vieillis, la vaisselle écornée, les serviettes tachées ; puis l’escalier aux marches usées, les chambres froides et sans meubles. Évoquez le personnel de l’établissement surtout ! Vieillards sans famille, qui traînent péniblement les derniers jours d’une vie de misère, ou cachent un dénûment imprévu ; créatures déclassées qui vivent là comme les mollusques, parce qu’elles ne sont pas mortes, et qu’on ne les a pas tuées ; jeunes gens de province, que la parcimonie ou