Page:Cadiot - Minuit.pdf/98

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sieur Buneaud ; je vais à mes affaires, moi ! Je n’ai pas mon pain tout cuit comme ces messieurs,

— C’est juste. — Ah ! faut de l’argent 1 il en faut, toujours. — À propos, pendant que vous n’y étiez pas, il est venu une lettre pour vous ! Une fameuse lettre, allez ! avec trente-six cachets et je ne sais combien d’adresses sur l’enveloppe, vu qu’elle court après vous depuis deux mois ! Ça venait d’Amérique. — Mais, soyez tranquille, au moins, je l’ai refusée ! — Trois francs de port ! — Merci !

— Vous avez refusé une lettre d’Amérique ! cria un étudiant, de l’extrémité de la table, tandis que Naigeot se bornait à lever sur Buneaud, un regard où se mêlaient l’étonnement et l’indifférence. — D’un pays où l’on peut toujours avoir un oncle ! — Eh bien ! vous n’auriez eu qu’à me refuser une lettre d’Amérique, à moi ! et je le dis à regret, papa Buneaud, ajouta-t-il avec une gravité comique, j’aurais immédiatement divorcé avec votre baraque !

— On peut toujours la réclamer au facteur ! Est-ce que vous avez des parents en Amérique, monsieur Naigeot ?

— Je crois que oui… répondit-il sans sortir de sa torpeur.

— Vous croyez ? Parbleu ! vous devez bien le savoir !

— Autrefois j’avais un frère.

— En Amérique ?