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gaîté, c’eût été le regret de n’avoir pu amener avec moi au bal une certaine Mariette qui m’occupait un peu. Maintenant, j’éprouvais un vrai bien-être à me trouver seul et libre.

— « Alors, tu étais venu pour en chercher une ?

— « Ma foi ! je n’en sais rien !… j’étais venu pour danser et voir le bal.

— « Veux-tu souper avec moi ? s’écria-t-elle fort vite, et d’une voix en même temps hardie et tremblante. Elle ajouta plus vite encore, trouvant peut-être que j’hésitais trop : — Mais non ! Tu veux aller retrouver tes amis, danser encore, puis souper avec eux. C’est bien naturel. Va, mon enfant ! »

Le fait est que cette proposition m’avait pris fort au dépourvu. Le oui s’était arrêté sur mes lèvres aussi spontanément qu’il y était venu : « Et payer ! » me disais-je, la main sur mon gousset vide.

— « Allons ! viens, je vais te reconduire à ton quadrille. »

Elle se leva, et je la suivis contrarié, préoccupé, ne sachant que dire, et jouant de fort mauvaise grâce mon rôle de piteux personnage.

Je me disais : « C’est une aventure…, oui, ma foi ! c’est une aventure… Et je vais la manquer… et je la manque… par ma faute. Mais de l’argent ?… Comment faire de l’argent ? »