Elle haussa légèrement les épaules, et j’eus l’enfantillage d’être piqué.
— « Es-tu riche ? reprit-elle toujours avec ce même ton de commandement. — Que fait ton père ?
— « Mon père est président du tribunal de Barbezieux. »
Je n’ajoutai pas que j’avais, par mois, soixante-douze francs de pension, car je commençais à n’être pas très fier de ma fortune et de l’état qu’elle me permettait de tenir à Paris.
— « Ton père a-t-il des correspondants ici ? Vas-tu au théâtre, dans le monde ?
— « Non ! oh ! mon Dieu non ! m’écriai-je… C’est-à-dire je suis allé quelquefois à l’Odéon.
— « Depuis combien de temps es-tu à Paris ?
— « Depuis trois mois et demi. »
Elle respira avec une sorte de satisfaction.
— « Ah ! dit-elle, bien ! »
Puis elle reprit, après m’avoir, pendant un moment de silence, considéré, en ayant l’air de profondément réfléchir :
— « Mais je te retiens ici, et je t’empêche de danser ; que va dire ta maîtresse ?
— « Je n’ai point de maîtresse, » m’écriai-je avec une spontanéité qui me surprit moi-même.
Un moment auparavant, si quelque chose avait été capable de jeter une ombre sur ma