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temps ; — le diable t’emporte ! avec tes plaisanteries tu as fait fuir cette femme !

— « Une de perdue, dix de retrouvées, mon bon !… Viens-tu ? Il est question de souper ; Charlotte a faim et nous offre chez elle des sardines et du pain. Casimir est allé acheter du saucisson ; Charles paiera les gâteaux, et nous deux le vin, si tu veux.

— « Je n’ai point d’argent, répondis-je avec dépit. Ah ! si j’avais su seulement où prendre cent sous !… »

Je racontai en peu de mots à mes amis les questions du domino, et la proposition soudaine à laquelle, faute d’un écu, je n’avais pas pu répondre.

Alfred, qui habitait Paris depuis deux ans, et qui était venu plus de dix fois au bal de l’Opéra, se mit à rire et m’assura que je ne manquerais point de rencontrer pareille bonne fortune une autre fois. Il m’engagea fort à ne plus penser à celle-ci, et me dit qu’un domino si hermétiquement clos ne pouvait cacher qu’une femme vieille et laide.

— « Elle t’aura trouvé beau garçon, et elle t’aura fait l’honneur de te choisir, pour lui payer à souper. C’est tout simple… Au surplus, voilà cent sous, si tu y tiens trop, cours après. »

Je ne courus point, parce que ce discours et les plaisanteries qu’y joignit Alfred me ren-