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La voiture s’arrêta et nous descendîmes : devant nous s’ouvrait une allée ombreuse et profonde… Sans doute c’était à l’entrée de celle-là que le cocher avait coutume de descendre les amoureux. Nous la suivîmes à pas lents, muets et les bras entrelacés.

Çà et là, sur les troncs lisses des bouleaux, il y avait des initiales…, les unes gravées d’hier, et bordées encore d’une ligne verte ; les autres déjà vieilles de quatre ou cinq ans, et qui s’allongeaient et s’éloignaient en prenant des formes bizarres selon la croissance des arbres. Je voulus, moi aussi, — souvenez-vous que j’avais vingt ans ! — je voulus marier sur un jeune arbre une L et une M. Ma belle amie s’y opposa d’abord, puis finit par m’aider, en riant de mon enfantillage.

Ce franc et limpide éclat de rire brisa le charme dangereux qui nous avait saisis un moment auparavant. Nous recommençâmes nos folies ordinaires, courant après un insecte ou une fleur, disant des riens sous lesquels perçait notre bonheur en cris joyeux, comme pétille une étincelle dans la flamme, comme scintille la lumière sur le diamant.

Tout en courant au hasard, nous nous égarâmes dans le bois, nous perdîmes les routes tracées, — à cette époque le bois de Vincennes n’était pas, comme aujourd’hui, un parc anglais ! Un moment, nous eûmes de la peine à nous