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si heureuse !… Et cela finira ?… Oh ! je ne puis pas songer à cette fin ! c’est la nuit…, c’est la mort ! »

Pouvais-je lui répondre par une attaque imprévue, par la grossière manifestation d’un désir brutal ?

Non. Je ne savais me résoudre ni à la troubler dans sa paix, ni à renoncer à mes projets. Cette situation pénible dura un mois environ, et chaque jour augmentait mes désirs et mon hésitation.

Justement vers cette époque ses visites devinrent de plus en plus fréquentes. Les vacances approchaient. J’avais obtenu mon diplôme. Il allait falloir retourner chez mon père, sans savoir si je le déciderais à me renvoyer à Paris l’année suivante, pour compléter mes études. Elle ne voulait rien perdre du temps qui nous restait.

Chaque fois je me disais : « Aujourd’hui, j’essaierai d’exalter ses sentiments, ou bien de surprendre ses sens… »

Et cependant, elle repartait comme elle était venue, un peu inquiète, un peu étonnée de mon trouble, de mes réticences, de mes regards hardis et honteux.

Peut-être pressentait-elle les combats qui se livraient en moi, mais elle était si loin d’en soupçonner la sotte origine qu’elle se croyait sûre d’en triompher toujours. J’employais,