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questions insidieuses et soi-disant amicales d’Alfred. À présent que mon secret était connu, j’éprouvais un besoin irrésistible de parler de ma passion et de toutes les perfections de mon idole.

Que vous dirais-je ?… — Il me persuada que je me devais à moi-même d’avoir Marguerite !

Une fois ce parti arrêté dans ma tête, je devins plus tranquille en l’absence de Marguerite et plus embarrassé près d’elle. Je me promettais d’être audacieux, et, quand elle était là devant moi, je n’osais ni lui dire un mot inquiétant, ni lui faire une caresse douteuse.

Oh ! qu’elle avait bien su m’inspirer les sentiments qu’elle voulait de moi ! Certes, je la désirais passionnément, et pourtant l’idée de la posséder me faisait rougir comme si c’eût été un désir incestueux.

Et comment d’ailleurs débuter avec elle ! Marguerite, quand elle arrivait, se jetait dans mes bras avec tant de confiance ! Une fois ma porte fermée, elle poussait un si joli cri d’allégement et de bonheur !

Combien de fois elle m’avait dit :

— « Cher Louis, si tu savais quelle conquête pour moi que chacune de nos matinées ! Et ce qu’elle me coûte !… Mais je devrais en payer les heures par autant d’années de douleur, que je ne regretterais rien encore… Tu me rends