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montre, et fronçait le sourcil en voyant avancer les aiguilles. Et moi je m’épuisais à chercher des sujets de conversation pour occuper le temps.

La journée presque entière s’écoula. Cependant, il fallut nous séparer. Marguerite se leva et me dit adieu avec une résolution soudaine. Puis elle se jeta dans mes bras et m’embrassa mille fois.

J’eus le cruel courage de lui répondre : — « À demain ! » pour lui rappeler sa promesse.

— « À demain, » fit-elle tristement. Et les larmes lui remplirent de nouveau les yeux.

Elle cessa de m’embrasser, ouvrit la porte et fit un pas dans le corridor. Mais d’un bond elle revint vers moi, m’embrassa encore… Enfin elle s’enfuit sans se retourner

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain, à l’heure accoutumée, elle ne vint pas… Mais, au lieu du froufrou de sa robe, un pas traînard et lourd se fit entendre dans le corridor. Ma portière me remit une lettre…

Une lettre d’une fine écriture et d’un fin papier. Je la pris en tremblant, je la regardai sans oser l’ouvrir… J’avais le cœur saisi d’une appréhension terrible… Ah ! je sentais bien, je savais bien qu’elle m’apportait l’annonce d’un irréparable malheur !

Quelle lettre !… — Et pourquoi ne vous la