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Ma chambre était louée ; malgré mes instances et mes offres d’argent, je dus attendre un mois pour y rentrer.

Hélas ! je trouvai mes fleurs desséchées, mes meubles changés ou déplacés. Cette chambrette, un moment si propre et si soignée, était devenue une ignoble chambre d’hôtel garni !

Les objets qui me rappelaient le mieux Marguerite me semblaient profanés. Bientôt je ne pus y tenir, tout cela me fit mal à voir, et je déménageai.


Je mentirais si je disais que je traînai depuis une existence solitaire. À cet âge on oublie…, je veux dire qu’on a trop de sève en soi pour ne pas se reprendre à la vie…

J’ai donc fait encore de gaies parties ; je suis retourné au bal de l’Opéra, j’ai noué et dénoué bien des amours…

Mais j’ai connu l’ivresse et non plus la poésie…, j’ai trouvé sous le masque ce que chacun y trouve… Et au milieu de mon cœur s’est fait un vide que nulle femme n’a pu combler ! »


L’avocat général prononça ces derniers mots d’une voix plus grave ; on eût dit que les larmes lui venaient aux yeux. Puis il secoua ses pensées, releva la tête, et dit à la marquise d’Andaye en essayant un sourire :

« Vous voyez bien, madame, que j’avais