Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/171

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que son cœur eût été juste assez occupé pour ne pas prendre garde aux hommages qu’on lui adressait, soit que ces hommages, contenus dans des bornes sévères par le respect, par les barrières morales qui entourent et défendent les femmes du monde, n’eussent jamais été d’une séduction bien puissante. Pour le comte, il aimait sa femme d’un amour profond, mais calme, parce qu’il comptait absolument sur elle, et n’avait pas, depuis dix ans, éprouvé deux heures de jalousie ; l’idée même d’un doute ne lui était pas venue.

Les petites maladies de deux enfants charmants, la mort de quelques grands-parents, étaient donc les seules douleurs qui marquassent des étapes dans cette vie heureuse et facile. Actuellement, ils reviennent en France à petites journées ; le voyage par mer fatiguant la comtesse, ils ont repris terre à Livourne, et de Livourne ils sont arrivés à la Spezzia, passant ici une matinée, là deux jours ou trois. Rien ne les presse ; nulle obligation ne les attend ; leurs enfants sont aux mains d’une grand’mère vigilante ; leur hôtel de Paris sera prêt pour les recevoir au jour de leur arrivée ; leur château de Touraine est gouverné par un régisseur honnête.

Ce qui les absorbe, à cette heure crépusculaire, c’est un doux mélange de fatigue et de repos, une sorte d’engourdissement dans le