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deux ans, avait quitté son mari et voyageait en Italie avec le vicomte d’Aury.

L’orgueilleuse comtesse, d’un geste bien rapide, et peut-être plus spontané que volontaire, venait de mettre entre elle et son amie déchue une infranchissable distance.

Jamais elle n’avait failli, et elle ne comprenait pas qu’on pût faillir. Jamais la tentation puissante ne l’avait menée au bord de l’abîme pour lui en montrer les profondeurs fascinatrices, et elle ne concevait pas qu’on tombât. Naïvement, elle regarda Mme de Braciennes comme les brahmes de l’Inde regardent les parias. Quand la femme faible eut passé, la comtesse de Morelay dit simplement à son mari :

« C’est Mme de Braciennes. »

Ce fut tout. Le jugement était rendu, l’arrêt prononcé ; le mélange d’intérêt et de curiosité avec lequel M. de Morelay répondit : « Ah !… » se perdit dans un silence glacé, et, comme on dit, « l’incident n’eut pas de suite. »


V

Mais il amena dans les souvenirs de la comtesse une sorte de revue rétrospective.