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Elle revit le temps où, petite fille, elle sautait à la corde avec Amélie, et le jardin aux allées de tilleuls, et les dortoirs aux longues files de lits, garnis de blanc et de vert, et les classes aux pupitres de bois noir, et les parties de cordes, et les leçons, et les pensums ; puis vinrent les souvenirs de jeunesse : un premier bal, une partie de spectacle…, la lecture d’un roman.

Ces souvenirs défilaient lentement, presque avec ordre, mais sans raviver de profondes empreintes. Enfin, elle se trouva dans le salon de sa grand’mère et revit une présentation, la signature d’un contrat, les préliminaires de son mariage…

De temps en temps elle répondait à son mari, qui lui exprimait une pensée sur le pays, les promeneurs, le climat, etc., par une phrase courte ; et la conversation retombait. Bientôt la suite de son passé se perdit dans les méandres de la rêverie.

Il semblait que cette brise embaumée emportât toutes les impressions fatigantes ou vives, pour ne laisser qu’une disposition infinie au bien-être physique et à l’engourdissement moral.

Tandis que la comtesse regardait d’un vague regard le paysage à travers les franges de son ombrelle, qui, en se balançant, découpait capricieusement la ligne d’horizon, elle croyait