Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/176

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puyait au tronc d’un olivier. Il se détachait en silhouette sur le ciel et la mer, et recevait sur les contours de ses cheveux flottants les derniers reflets du soleil.

Elle rougit, car les regards de ce jeune homme étaient évidemment dirigés vers elle ; mais elle ne se détourna pas soudain, car jamais l’expression d’un visage humain ne l’avait au tant frappée. L’inconnu était beau comme Antinoüs et jeune comme lui, car il pouvait avoir vingt ans, vingt-deux ans au plus. Sa taille paraissait élégante et bien prise ; sa pose abandonnée avait cette grâce juvénile que ne remplacent jamais ni l’art ni l’étude ; ses vêtements simples n’accusaient précisément aucune caste sociale. Son teint mat avait cet éclat chaud qui fait ressortir la régularité des traits et le noir brillant des cheveux. Ses lèvres bien rouges, ombragées d’une moustache naissante, s’entr’ouvraient et montraient des dents pareilles à des perles ; ses yeux, profonds et noirs, semblaient envelopper la comtesse tout entière d’un regard plein d’admiration.

« Depuis combien de temps est-il là ? » se demanda Mme de Morelay, troublée sous ce regard. Elle allait se lever par un mouvement d’instinctive pudeur ; mais je ne sais quelle tentation inavouée la retint. Peut-être aussi ne voulut-elle pas avoir l’air de prendre garde à