Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entendre chanter, à côté d’elle, des harmonies délicieuses ; et, en respirant l’arôme des orangers, elle rêvait des poèmes sans commencement ni fin et qu’elle n’aurait pas su traduire en paroles.

Peu à peu même, elle cessa de ressentir des impressions définies, et les phrases entrecoupées qu’elle échangeait avec son mari s’interrompirent tout à fait. M. de Morelay, sans doute, était au diapason, car il ne chercha pas à ranimer la conversation et demeura aussi perdu dans un silence contemplatif.


VI

Pourquoi la comtesse leva-t-elle tout à coup la tête et fixa-t-elle sur un point rapproché ses regards vagues et errants jusqu’alors ?

Pourquoi ?… — Qui le sait ?… Faut-il croire au hasard ? à la fatalité ? à l’influence des sympathies ? au pouvoir de certaines volontés sur d’autres ? ou bien, comme les catholiques, au perfide appel de l’ange des ténèbres ?

Toutefois ses yeux s’arrêtèrent sur un jeune homme qui était assis à trois pas d’elle et s’ap-