Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/187

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cette voix, qui semblait se mouiller de larmes, fit tomber sa colère. Son cœur se serra, et bientôt ce fut elle qui pleura.

« Ah ! pensa-t-elle en quittant cet angle de fenêtre où elle s’était blottie pour écouter sans que son ombre pût la trahir, et en allant tomber sur son fauteuil ; ah ! quelle étrange fascination me poursuit ? À quel cauchemar suis-je en proie ?… la nature humaine a-t-elle donc de ces faiblesses imprévues…, de ces heures de vertige ?… »

Elle pleura quelques instants, et ses larmes la soulagèrent. Le chanteur se tut. Cependant Mme de Morelay se sentit encore trop agitée pour trouver le sommeil. Elle prit un autre livre ; celui-là, peut-être, était le contre-poison du premier, car, après un moment de lecture, ses yeux, encore voilés de larmes, s’éclaircirent, sa physionomie reprit une expression de calme, et elle parut s’intéresser au récit du conteur sans en être troublée.

C’était encore un livre français qui lui était tombé sous la main. Un volume de nouvelles, signé d’un nom aimé des délicats : Prosper Mérimée.

Elle lut La Double Méprise.

Son esprit fut bientôt captivé par cette attachante lecture. Toutefois, elle ne songea pas un instant à en faire l’application, ni à en tirer une conséquence…, encore moins crut-elle à une