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XXXIV

Pourtant elle voyait, avec un amer regret, le soleil glisser à travers les fentes de ses jalousies les rayons empourprés du couchant. Les promeneurs se massaient sur le port, au devant de l’établissement des bains ; plusieurs montaient en barque pour faire une promenade dans la baie, car la mer était si unie et si calme qu’elle semblait un miroir de cristal.

Elle se demanda enfin pourquoi elle n’irait pas aussi se promener en mer… « Là, se dit-elle, je n’ai point à craindre sa rencontre ; j’aurai bien vite traversé la berge et gagné la barque… »

Elle pensa d’ailleurs que Pietro devait être sur les terrasses comme les jours précédents.

L’envie la prit de revoir, de loin, l’ensemble du pays où elle allait laisser son cœur ; elle se dit que cette soirée cruelle en serait abrégée…, que le charme de la rêverie, sur cette belle mer, changerait ses regrets désespérés en mélancolie…, qu’elle jouirait une dernière fois du bonheur de s’abandonner à sa passion, sans craindre pourtant les faiblesses dangereuses, puisqu’elle serait à l’abri des attaques.