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XXXV

Tout le temps que la barque resta près de la rive, la comtesse demeura les yeux baissés et le visage voilé par son ombrelle, qu’elle gardait ouverte malgré l’ombre de la tente. Elle faisait, sans s’en rendre compte, comme les oiseaux qui cachent leur tête sous leur aile pour se soustraire aux regards des chasseurs ou pour attendre le coup mortel.

Mais, lorsqu’elle fut à une distance d’où elle put voir sans être vue et découvrir d’un même regard la promenade et la ville, la comtesse osa jeter les yeux vers la terrasse.

L’ombre des chênes verts était bien épaisse… Les promeneurs étaient nombreux. Elle ne vit rien qu’un banc vide ; et son cœur battit pourtant.

Elle s’accouda sur l’un des appuis de la tente, vers la poupe, tira de son carnet les vers qui enveloppaient sa fleur de laurier encore fraîche, et se mit à relire le sonnet et à contempler la fleur en envoyant vers la rive les plus ardents regrets. Bientôt, de rêve en rêve, sa folie lui revint tout entière. Elle s’y aban-