Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/242

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puissance de séduction irrésistible ; de le revêtir, en un mot, des plus splendides drape ries, comme une idole, et de se dire que toute autre à sa place, toute autre femme distinguée, noble, éprise de beauté, d’art et de poésie, eût succombé.

D’ailleurs, une fois le premier moment passé, la passion se réveilla plus folle et plus ardente que jamais…

Les dernières révoltes de la conscience furent promptement étouffées. La comtesse ne réussit que trop à draper Pietro en idole, en phénix, en Dieu. Cet amour impossible que les romanciers se sont plu à nous peindre, — comme on peint une chimère, avec des obscurités et des lueurs, des abîmes et des sommets, au-dessus de nos facultés mortelles, — cet amour inextinguible et maladif, l’envahit tout entière.

Les scrupules, les remords, les appréhensions d’avenir, tout s’évanouit pour laisser son âme en proie à un vaste incendie. La pauvre affolée ferma les yeux et se lança dans l’infini ; mais je ne sais quelle faculté singulière subsistait en elle, assistait en spectatrice à ce vertigineux ouragan du cœur, et s’étonnait de la violence des passions jusqu’alors endormies. Ainsi sommeillent les tourmentes qui tout à coup s’émeuvent du fond de la mer et se déchaînent à sa surface.