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XL

Mme de Morelay savait bien l’italien, mais elle avait peu l’habitude de le parler ; toutes les personnes de sa connaissance, à Rome, causant plus habituellement en français. Ce n’était guère qu’avec les domestiques, les hôteliers, les marchands, qu’elle employait le langage usuel. Il en résultait que, si elle pouvait facilement exprimer les besoins ordinaires de la vie, elle éprouvait une grande gêne pour rendre les sentiments et les idées qui naissaient d’une passion aussi exaltée que la sienne.

Pietro, lui, ne parlait pas français.

Un soir, ils étaient assis, tous deux, au bord de la mer ; après quelques mots échangés, ils demeurèrent immobiles et silencieux, la main dans la main.

Où couraient alors les pensées de la comtesse ? — Bien loin, au pays des folles et ardentes rêveries qui dévorent les âmes.

Elle voulut savoir si celles de Pietro s’élevaient du même vol. Alors, dans ce silence aux contemplations infinies, elle jeta quelques paroles, comme elle eût jeté des cailloux aux