Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/250

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s’occuper de son amant, de s’instruire pour lui, de s’élever à lui.

Elle se procura facilement, à la Spezzia, Dante, Pétrarque, l’Arioste, etc.

Cependant, les jours succédaient aux jours…, et de temps en temps, au milieu de sa folie, la pauvre comtesse sentait au cœur des soubresauts douloureux comme les battements d’une cloche qui sonne le glas. Elle se disait : « Hier, Pietro m’a dit cela ; — avant-hier, telle autre chose…, » et comptait avec effroi les jours écoulés…

D’abord, il lui avait semblé faire tenir dans la courte absence du comte tout un siècle de bonheur ; elle n’en voulait même pas apercevoir la fin. Mais, maintenant, cette terrible fin lui apparaissait, par instants, comme un abîme à la lueur d’un éclair.

Elle repoussait avec horreur ces visions. Elle s’efforçait de se cramponner à son amant et d’oublier tout le reste dans l’extase de son bonheur. Mais elle n’y parvenait pas toujours.

Pourtant, le septième jour au soir, tandis qu’ils voguaient tous deux vers une des baies enchanteresses qui bordent les côtes de la Spezzia, elle s’écriait encore dans un accès d’exaltation :

« Est-il rien de plus beau dans les rêves que la réalité de notre amour ? Nous ne vivons pas en ce monde, car nul ne sait seulement que