Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cette voix banale, enfin, qui répond sans trouble aux plus mystérieux désirs du cœur, parce qu’elle part d’une bouche totalement inconnue et indifférente. »


XLVII

Elle fit arrêter la voiture à l’entrée de la ville, dans le chemin bordé de grenadiers, et se dirigea, seule et à pied, vers l’atelier où elle avait vu Pietro. Malgré les audaces de sa pensée, elle tremblait en marchant, et rougissait sous son chapeau de paille à larges bords. C’est qu’elle n’était point encore aguerrie à de telles démarches. Et puis, je ne sais quels pressentiments l’agitaient et lui remettaient en mémoire Psyché marchant, avec un flambeau, vers l’Amour endormi.

Son cœur bondissait au moment où elle leva le loquet de la porte qui séparait l’atelier de la rue. Elle venait du grand soleil, et l’atelier était du côté de l’ombre. C’est pourquoi elle ne distingua rien d’abord que la nuit ; mais, à peine eut-elle abaissé ses paupières sur ses yeux pour en rafraîchir la pupille, et relevé le bord