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XLVIII

Elle marcha au hasard pendant une heure, jetant ça et là des coups d’œil timides et curieux ; mais que faire ? Elle ne pouvait entrer dans aucun autre atelier, ni demander à personne le nom qu’elle voulait savoir ; il fallait repartir…

Indécise encore, malgré tout, elle suivait les rues comme une somnambule doit suivre son chemin sur les toits ; enfin elle s’arrêta devant un atelier grand ouvert, parce qu’il semblait inhabité pour le moment. Peu à peu, ses yeux se fixèrent sur une statue d’Apollon, dont la tête offrait une vague ressemblance avec celle de Pietro. Bientôt cette ressemblance lui parut frappante, et, son imagination aidant ses yeux, elle crut voir un portrait de son amant, marqué du sceau divin qui convient au génie.

Immobile et ravie, elle demeura penchée vers la fenêtre de l’atelier comme en extase ; la couronne de laurier allait bien à ce front noble ; la chlamyde donnait une fière élégance au port du dieu des arts et de la poésie. Cette lyre même formait avec l’ensemble des lignes un heureux agencement.