Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LIII

Ah ! que ces mortifications chrétiennes étaient peu de chose, pour le repentir de la comtesse de Morelay ! Elle aurait voulu les multiplier mille fois, si, à ce prix, elle eût pu effacer l’odieux passé. Combien de veilles, de jeûnes, de macérations, de visites dans des mansardes puantes lui faudrait-il pour la ra cheter à ses propres yeux ? Voilà ce qu’elle se demandait avec angoisse. Car la pécheresse repentante n’avait point tué la femme…, et qui sait quelle inguérissable blessure d’orgueil saignait encore sous cette expiation ?

Oui, il y avait pour elle un plus rude châtiment que toutes les douleurs qu’elle pouvait volontairement s’imposer ; et celui-là, il était involontaire ; il apparaissait comme un fantôme, à chaque accident de la vie…, il venait heurter toutes les pensées consolantes… C’était le souvenir.

Chaque fois que le comte de Morelay ou les enfants mêlaient à leurs causeries une phrase d’italien, chaque fois que la comtesse, en