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rare sur le quai d’Orsay…, et elle s’éloignait avec un frisson.

Une fois, — six mois environ après son retour, — elle s’imposa la loi de rester à son balcon, tandis qu’on débarquait une cargaison. Il fallait en même temps, pensait-elle, triompher de la faiblesse qui la faisait pâlir à la vue de ces pierres inertes, et châtier son cœur orgueilleux et coupable. Ses deux enfants étaient près d’elle et s’amusaient à remarquer les mouvements mécaniques de la grue et les efforts intelligents des débardeurs. Au milieu des blocs abrupts et grossiers, apparut une caisse longue, soigneusement ajustée.

Les débardeurs prirent un soin particulier de cette caisse, qui semblait bien recommandée. Lorsqu’elle fut déposée sur la berge, ils regardèrent l’adresse qu’elle portait, échangèrent quelques paroles et se montrèrent le quai ; et sur le quai un hôtel, l’hôtel de Morelay.

La comtesse tressaillit d’instinctive terreur. Elle passa la main sur ses yeux comme pour effacer une image pénible, regarda de nouveau en se demandant si elle ne s’était point trompée ; puis trembla plus fort, car les hommes du port se consultaient toujours, en montrant alter nativement sa maison et la caisse.

Elle rentra, en proie à une horrible inquiétude. Quel rapport pouvait-il y avoir entre elle et cette caisse inattendue ? d’où venait cette