Page:Cadiot - Une femme romanesque Adrien Malaret L Exemple.pdf/311

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— Es-tu fou ? — tu veux te marier ? Mais, mon cher Adrien, je ne puis supporter chose pareille ! te marier !… mais c’est m’abandonner… me laisser mourir ! Car, si tu te maries, c’est pour aller avec ta femme… pour quitter le pays sans doute !… Et moi, que deviendrai-je ?… Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !… Je n’y consentirai jamais… n’y compte pas au moins !

— Ma tante, je me marierai, mais je vous quitterai le moins possible, dit Adrien d’une voix si ferme que les paroles expirèrent sur les lèvres de la vieille fille.

Elle leva les yeux vers Adrien, qui était debout, et lut sur son visage une résolution inébranlable. Alors elle se troubla, et comprit que le moment était venu pour elle de céder, parce qu’Adrien ne céderait plus. Elle reprit en balbutiant :

— Après cela, mon enfant, si tu y tiens absolument, il faudra bien que je consente… je ne veux pas te rendre malheureux, moi… J’ai toujours été bonne pour toi, rends-moi cette justice… Ton mariage me fait de la peine ; mais enfin… bah !… si tu ne t’en vas pas… Allons, allons, quitte cette figure… Je m’accoutumerai à ta femme !

Le mariage se fit un mois après.

Thérèse consentit, de bien bon cœur, à passer toute l’année à la campagne pour ne pas affliger mademoiselle Ursule.