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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/40

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Condamnez celui qui veille sur les lys et les absinthes
Les secondes lui battent dans le cœur comme des graines de coloquinte

Je suis là pour tout accepter et je ne plaide pas innocent
Je crois en Dieu parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement
Parce que c’est tout à fait extraordinaire
D’être né un jour de Carnaval au fond de la Brière
Où rien n’est travesti
Où tout se règle à l’amiable entre deux coups de fusil

J’ai revu cette nuit les compagnons de mon enfance
Qui pourraient vivre chantournés avec des barbes comme des crédences
Ce sont les prêtres de ma religion
Mais leurs fils ne sont pas dans le secret de notre Opération

Tu t’es fait des copains partout dans ta mémoire
Tu peux partir à jeun
Tu sais bien qu’au matin
Sous des pommiers
Dans la rue triste d’une ville
Quelqu’un sera debout qui te tendra les mains