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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/42

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Et tout à l’heure je vais jaillir du sol comme une tulipe
Vous achevez vos palabres aux Deux-Magots ou bien au Lipp
Je monte dans ma chambre et prépare les feux
J’appareille tout seul vers la Face rayonnante de Dieu

Ah ! croyez-moi je ne suis pour rien dans ce qui m’arrive
J’ai vingt neuf ans et c’est un tournant suffisamment décisif
Je connais vos journaux et vos grands éditeurs
Ça ne vaut pas une nichée de larmes dans le cœur

Abattez-moi comme un ormeau domanial au bord de la grande forêt rouge
Vous ne pourrez jamais rien contre ce chant qui est en moi et qui s’échappe par ma bouche
Que m’importe l’interdit des lâches et que mon Lied ne soit jamais enregistré
Il est porté par le bouvreuil et l’alouette jus qu’à la haute cime des blés

Buvez quand même ô fils ingrats ! buvez
Mes larmes et dans l’instant désaltérés
Crachez sur moi
Crachez bien droit
Comme des hommes
Cadou s’en moque.