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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/49

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Par ton amour au moins qu’il soit récompensé
D’avoir osé prétendre à la flamme des lys
Quand le jour s’est éteint sur des poissons séchés !

L’Impératrice a beau sourire il faut qu’il chante
L’étable de famille et le monde écrasé
Sa tristesse d’enfant ses cheveux pleins de lentes
Alors que la nature est si belle à côté

Essénine Augustin ! le Serge du Grand Meaulnes
Lorsqu’il eût parcouru mille lieues avec toi
La bride sur le cou de son cheval fantôme
Se retrouva plus seul et plus pauvre à la fois

Mais là-bas quelque part en la Russie du rêve
Dans les salles du temps préparées pour un bal
Tu te dresses soudain et tu brises les verres
Comme un voyou d’enfant jette en passant des pierres
Un soir de nostalgie dans les vitraux du lac

Et tu ris sans cesser de pleurer sur toi-même
Voleur d’un astre d’or par le brouillard volé
Qui traînes tout au long des nuits et des semaines