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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/51

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Il se sent l’âme négligée et dans la chambre
Titubant de douleur il se jette à genoux
Devant l’icône pâle et le bougeoir à branches

« Mon Dieu Mon bon copain ! Petit Père ! Ô mon Dieu !
Quelle nuit ! Quelle nuit ! Je meurs si je m’accuse
Ferme sur mon présent l’herbe bleue de tes yeux
Je suis damné ! Mais si tu crois que je m’amuse !

Rengagé du destin dans la gare du doute
Sur la banquette étroite et glacée du matin
J’attends de voir paraître au détour de la route
Comme un ballon de rhum la lanterne du train

J’arrive dans le jeu de quilles du village
Ah ! pauvre pauvre chien ! Tel qui songe à des os
Trouve un croûton de lune amère qui surnage
Sur la soupe d’un ciel immanquablement beau

Il a neigé durant trois ans
Sur le visage de ma mère